Le Mont Jallu

 

Situé à environ 750 mètres au Nord-Est de l'église de Champaissant et à 900 mètres au Nord-Ouest de l'église de Saint-Cosme, le Mont Jallu est une motte castrale du XIe siècle avec, semble-t-il, une basse-cour. Implantée au sommet d'une colline à environ 100 mètres d'altitude, cette motte castrale domine la plaine du Saosnois et offre un beau panorama sur les forêts de Perseigne et de Bellême.

 

Les mottes castrales sont des fortifications apparues en Europe occidentale à la fin du Xe siècle. Elles sont considérées comme les premières formes de châteaux et sont utilisées jusqu'au XIIe siècle. Les mottes castrales sont alors progressivement abandonnées ou remplacées par des châteaux forts et des maisons fortes. Elles ont une fonction militaire, résidentielle, économique, mais aussi symbolique puisqu'elles symbolisent le pouvoir seigneurial.

 

     Le Mont Jallu est mentionné pour la première fois en 1098 dans « Histoire ecclésiastique » d'Orderic Vital (1075-1143), moine anglo-normand considéré comme l'un des principaux historiens du Moyen Age. Celui-ci identifie le Mont Jallu comme étant l'une des fortifications relevant de la baronnie du Saosnois, même si certains historiens pensent qu'il peut y avoir une confusion avec la motte d'Igé. Au Moyen Age, le Saosnois était une zone de marche, défense avancée du Maine face à la Normandie.

Vers 1050, le Mont Jallu aurait appartenu à Robert Giroie, seigneur de Saint Cénéry et vassal de la famille de Bellême. Mabile de Bellême, comtesse du Perche et du Saosnois, lui confisque la motte pour la confier à Hugues de Salgey.

D'après Orderic Vital, le comte Robert II de Bellême dit « Le Diable » (1082-1112) fait réparer d'anciennes forteresses du Saosnois et en fait de nouvelles dont le Mont Jallu. En 1117, les biens de Guillaume III Talvas, fils de Robert II « Le Diable », sont confisqués par le roi de France et donné à Thibault comte de Blois. Celui-ci les cède alors à son frère Etienne, comte de Mortain.

 

     Au début de la guerre de Cent Ans, les Anglais s'emparent du Mont Jallu. Après le traité de Brétigny en 1360, la motte castrale est rendue aux troupes du roi de France.

Par la suite, le Mont Jallu ne semble plus être d'un intérêt défensif. Ni château ni maison forte ne sont construits à proximité comme c'est le cas à l'Etang, à la Taille, à Argenson ou à la Champronnière (autres sites de Saint-Cosme ayant été occupés par des mottes castrales).

 

  Il faut attendre le XVIIIe siècle pour retrouver la trace de propriétaire du Mont Jallu en la personne du duc de Chevreuse. De nos jours, le Mont Jallu appartient à la commune de Saint-Cosme-en-Vairais.

La légende du trésor du Mont Jallu

 

Une plaque de cuivre, qui aurait été découverte dans la tour de Londres, est à l'origine de la légende du Mont Jallu.

 

Depuis le XVIIe siècle, le trésor du Mont Jallu a fait couler beaucoup d'encre et s'interroger les esprits les plus imaginatifs. Au début du XVIIe siècle, une plaque de cuivre est découverte dans la tour de Londres avec l'inscription suivante « Thesaurus est in monte salutis prope Commun ». Il n'en faut pas moins pour attiser les appétits et susciter les convoitises. De la première moitié du XVIIe siècle au milieu du XIXe siècle, pas moins de neuf « fouilles » ont été réalisées. Aucune n'a permis de retrouver l'hypothétique trésor enfoui par les Anglais à la fin de la guerre de Cent Ans. Le seul résultat que nous puissions constater est la détérioration de la motte castrale. Un immense trou défigure aujourd'hui ce site, les terres ayant été rejetées sur les côtés.

 

La composition du trésor du Mont Jallu

 

     La légende rapporte que l'extraordinaire trésor du Mont Jallu est composé d'une statue du Christ grandeur nature en or, des statues des douze apôtres en argent massif, d'ornements sacrés, de vaisselle précieuse, de bijoux et d'une importante somme d'argent. Le tout est contenu dans trois tonneaux.

 

Les terrassements des XVIIe et XVIIIe siècles 

 

· Sous le règne de Louis XIII (1610-1643) : un régiment d'infanterie est envoyé au Mont Jallu pour chercher le trésor.

· 1755 : Le duc de Chevreuse, seigneur de Bonnétable et propriétaire du site, donne l'autorisation au sieur Léger de fouiller de nouveau la motte castrale.

· 1760 : L'autorisation de fouiller le site est refusée aux Anglais.

· 1762 : Louis XV envoie à son tour un régiment d'infanterie pour fouiller le site

 

Les « fouilles » du XIXe siècle

 

L'intérêt pour le Mont Jallu reprend au XIXe siècle après la découverte d'un parchemin au cours de la démolition d'une église à Paris. Le document mentionne la date précise à laquelle le trésor a été enfoui … le 9 Octobre 1469.

 

Une société par actions est alors créée par un nommé Cabaret pour fouiller de nouveau le site.     Il obtient l'autorisation du propriétaire, Hippolyte Anffray. De Novembre 1825 à Avril 1826, une centaine d'ouvriers travaille au Mont Jallu. Leur activité cesse en raison de la ruine de la société.

 

Quelques temps après, les Anglais, avec l'appui de Talleyrand, font une nouvelle demande auprès de la chambre des députés. Celle-ci leur est de nouveau refusée.

 

En 1827, Mr Fay, un acteur du théâtre Feydeau à Paris, vient à Champaissant et achète le Mont Jallu pour la somme de 4000 francs. Il décide d'y entreprendre de nouvelles recherches, motivé par les propos d'une femme de chambre somnambule qui répète fréquemment dans son sommeil « Mont Jallu...des millions enfouis...». De Novembre 1826 à Janvier 1827, une quarantaine d'ouvriers travaille sur le site. Leurs travaux sont interrompus à la suite d'un éboulement qui a fait un mort.

 

Au cours de l'été 1834, de nouvelles tentatives tout aussi infructueuses sont entreprises pour le compte d'un noble polonais réfugié en France, le général Milkeski.

D'autres « fouilles » ont lieu en 1844, 1846 et sans doute vers 1850 ... mais toujours sans succès.

 

Les quelques découvertes du Mont Jallu

 

• 1825-1826 : Des armes et des petits boulets du Moyen Age

• 1827 : une monnaie d'argent de Charles Le Bel, 4 pièces médiévales des comtes du Maine

• 1834 : Une monnaie romaine en bronze de l'empereur Posthume, deux monnaies en argent du Moyen Age