Les lavoirs publics

Le lavoir de Contres

 

Les lavoirs sont l'un des éléments emblématiques du patrimoine de nos villages. Ils sont construits pour la plupart dans le dernier tiers du XIXe siècle à une époque où les pouvoirs publics sont de plus en plus préoccupés par les questions d'hygiène.     Le lavoir est un lieu réservé exclusivement aux femmes. On y parle et on y échange des ragots autant qu'on y lave son linge. C'est « l'endroit où l'on tape autant de la goule que sur le linge », ce qui est confirmé par une inscription à la peinture rouge encore visible sous le lavoir de Contres à la fin des années 1990 « ici on lave le linge et on salit le monde ».

 

Le lavoir est situé au centre du village de Contres près de l'église, à un endroit où l'on recense de nombreuses sources. En ce lieu, l'eau semble avoir toujours eu une grande importance pour la population locale si l'on en juge par la présence de thermes à l'époque gallo-romaine (thermes appartenant à une villa ou thermes publics ?), d'une fontaine, d'un abreuvoir pour les animaux et d'un premier lavoir public sans doute construit au début du XIXe siècle. L'eau du lavoir de Contres aurait une vertu curative pour les yeux. Sa particularité est qu'elle ne gèle jamais et a une température constante à 11 degrés.

 

La construction du lavoir actuel date de 1885 bien que le conseil municipal en ait lancé l'idée en 1883. Il confie une étude et le chiffrage des travaux à Mr PIAU architecte à Mamers. Celui-ci remet son exposé au maire de Contres le 8 Septembre 1883. Le lavoir qui existe alors est trop petit pour la population (4,60 m de long extérieurement et 2 m intérieurement). Les murs du bassin sont en mauvais état et ne retiennent pas l'eau dont le niveau ne dépasse pas 0,35 m. Ce lavoir est alimenté par une fontaine située à côté. D'une hauteur de 2,50 m et surmontée par un dôme en pierre, cette fontaine est également en mauvais état.

 

L'architecte prévoit donc de refaire le bassin (rejointoiement des pierres) de façon à le rendre plus étanche, afin qu'il y ait en permanence un niveau d'eau à 0,65m. Le lavoir sera agrandi (7 m de long et 3 m de profondeur). Les murs intérieurs seront refaits en briques. La charpente en chêne et bois blanc reposera sur des poteaux en chêne et sera recouverte de tuiles plates. Mr PIAU prévoit également de démolir la fontaine et de recouvrir la source par des dalles de pierre. Le montant des travaux est estimé à 930 francs.

 

Le maire, Jean DURAND, présente ce projet au conseil municipal le 3 Février 1884, mais celui-ci décide d'attendre les prochaines élections municipales pour se prononcer. C'est donc le successeur de Jean DURAND, Marin SAGET, qui lance les travaux en 1885. Le projet de l'architecte est mis en œuvre à l'exception de la démolition de la fontaine qui ne se fait pas. Cette fontaine, encore visible sur des cartes postales des années 1920-1930, est remplacée plus tard par une pompe à balancier. Pour financer les travaux, le conseil municipal décide de lancer une souscription publique. 90 souscripteurs financent ainsi le projet à hauteur de 379,50 francs soit 40% du coût estimatif. Certains souscripteurs ne donnent par d'argent, mais fournissent des matériaux ou participent aux travaux. Les personnes n'ayant pas apporté leur contribution doivent payer une taxe pour l'utilisation de ce lavoir public.